Création en novembre 2007
Entreprise de détournement - Chantier n°5
Durée : 10 jours
Public : Tout public
Création d'Opéra Pagaï
Mise en scène : Cyril JAUBERT
Avec :
Sebastien BARRIER, Véronique CAILLE,
Raphaël DROIN, Chantal ERMENAULT, AliceFAHRENKRUG, Lionel IENCO,
Cyril JAUBERT
Vidéo : Damien GALES, Ingrid HAMAIN
Administration et Production : Karine BALLU, Philippe RUFFINI
Carhaix-Pougher, ancienne capitale de la Bretagne à l’époque romaine est devenue une petite bourgade essentiellement agricole de 8000 habitants, au milieu du Centre Bretagne (Kreizh Breizh). Surtout connue pour son « Festival des Vieilles Charrues », elle est la capitale de ce qu’on nomme ici, le désert du Centre Bretagne, région délaissée, le vilain petit canard des grandes villes du littoral…
Pour mieux interpeller, questionner le carhaisien sur son art de vivre actuel, nous décidons de travailler sur les réalités du futur… Que sera la vie à Carhaix dans cent ans ? Cent ans parce que c’est suffisamment lointain pour ne pas affoler et suffisamment proche pour concerner le citoyen.
Nous décidons d’intervenir en nous faisant passer pour le GROUPE DE RECHERCHE ET D’ANTICIPATION DES PHÉNOMÈNES À VENIR. Une association d’amateurs passionnés, soutenue par le secrétariat d’état à l’Avenir Durable, dont le travail s‘appuie sur des réalités scientifiques, mais dont le moteur de la réflexion est plutôt basé sur son imagination débordante.
Premier constat « imaginaire » mais pas si éloigné de la réalité : dans 100 ans, en 2109, le niveau des océans aura monté d’environ 100m « grâce » au réchauffement climatique. Tout le littoral et les ports de Bretagne seront rayés de la carte, le territoire va se réduire de deux tiers, il ne restera que 7000 km2 émergés et la Bretagne deviendra une île. Étant donné sa position privilégiée, Carhaix en deviendra la nouvelle capitale. Carhaix et sa magnifique plage de sable fin fera alors face à une immense baie protégée, au nord par la chaîne des Monts d’Arrée et au sud par les Montagnes Noires. L’Ile de Bretagne, subira un afflux de population important (population du littoral, anglais et bien sûr, chinois).
Pour sensibiliser les carhaisiens à l’avenir de leur cité, Le GRAPAV décide de monter, pendant une semaine sur la place du champ de foire, la place la plus fréquentée, une installation plastique et vivante, un échantillon de « Carhaix dans 100 ans » - à savoir un bassin rempli d’eau de 8m par 10m avec une maisonnette sur une petite île dans laquelle vit un couple de volontaires, au vu et au su de tous.
Dans 100 ans, la surpopulation obligera à inventer d’autre espaces pour l’agriculture. A l’évidence, il faudra s’adapter à l’eau. Comme dans la future baie de Carhaix protégée de la houle, dans le bassin, le couple fait les premiers essais d’ « Agriculture sous marine et sur marine » (plantations sous l’eau et élevage d’animaux à la surface). Pour anticiper le choc culturel à venir, ils apprennent également le chinois, s’essaient à des recettes de « Cuisine du futur » forcément multi-culturelle (mélanges de mets et de boissons chinoises, anglaises et bretonnes, la gelée aux algues, le nem breton, la bière au thé…). L’installation décline aussi d’autres réalités à venir : réhabilitation de la ville romaine souterraine pour besoin de logement, moyens de transports amphibies, constructions démesurées en hauteur, forêts sur les toits, explosion du tourisme, transformation de l’église en phare, etc...
Autour du bassin, 4 membres du GRAPAV font œuvre pédagogique auprès des badauds… Ils expliquent les tenants et les aboutissants de cette étrange intervention aux carhaisiens. Ils appuient leurs développements et leurs théories sur de grands panneaux explicatifs, des cartes géographiques, des montages photos qui présentent la ville léchée par les eaux ou par les « effets de la surpopulation ». En termes de logement, ils interrogent sur la cohabitation qui, de fait, deviendra inévitable sur un territoire réduit entre toutes les « ethnies » bretonnes (gallos, bigoudins, douarnenistes, léonards, etc…) et posent la question d’un art de vivre qui synthétiserait les différentes cultures en présence.
Ainsi pendant une semaine, de 9h à 19h, inlassablement, les membres du GRAPAV, vont expliquer, semer le doute, questionner, discuter, écouter, se projeter, argumenter, contre argumenter, rire avec les Carhaisiens de ce télescopage, de cette intrusion inattendue du futur dans leur quotidien. Possible, pas possible, utopique, réaliste, fou, pas fou, pourquoi ici, drôle, pas drôle, peur, plaisir, inquiétude, regards incrédules, éclats de rires et discussions à n’en plus finir…
Comme nous l’avions prévu et calculé, le samedi matin, l’emplacement de notre installation se retrouve en plein cœur du marché hebdomadaire. Nous clôturons cette semaine par un moment collectif, beaucoup plus spectaculaire, qui nous permet en franchissant un palier supplémentaire dans l’absurde, de finir en éclats de rire et applaudissements et, ainsi de dissiper pas mal de doutes sur la réalité de notre action…
À noter aussi, pour cette « Entreprise de Détournement », la présence de Sébastien Barrier dans l’équipe d’Opéra Pagaï. Plus connu sous le nom de son personnage favori, Ronan Tablantec, il est venu nous prêter main forte avec son incorrigible tchatche, sa connaissance et son amour de la Bretagne. En contrepartie, il nous a bien fallu nous habituer à son humour… merci encore !
Dans 100ans, l’île de Carhaix a été réalisé dans la ville de Carhaix du 1er au 10 novembre 2007.
Coproductions : Opéra Pagaï, Les Vieilles Charrues - Carhaix, Le Fourneau - Centre National des Arts de la Rue / Bretagne
Aide à la création : Ministère de la Culture – DMDTS, Ministère de la Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Aquitaine, Office National Diffusion Artistique - ONDA.
La compagnie est en convention avec le Ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Nouvelle-Aquitaine. Elle est soutenue par la région Nouvelle-Aquitaine, le Conseil départemental de la Gironde et la Ville de Bordeaux.